Voici simplement un vieux texte retrouvé au hasard, écrit en 2009 ou peut-être avant, dans un genre mêlant style biblique et… personnages absurdes.
Je suppose que je n’en ferai rien de plus, je le poste ici pour le fun 🙂
Une histoire de ragondin, donc, mais pas que.
Lorsque le ragondin sacré Iklouz connut la jeune Beolle, fille de Mabaloc le profond, le Destin fit naître l’enfant le plus laid qu’il aura été donné à une femme d’engendrer. Toute descendance plus difforme aurait été prise pour un cadavre par les serviteurs du Royaume des Morts et aurait été transférée immédiatement dans la Grande Salle des Morts Nés dont l’entrée, de la circonférence d’un doigt d’enfant, aurait de toute manière été fatale, rééquilibrant ainsi toute erreur divine.
Beolle fut trop heureuse d’avoir donné la vie pour se rendre compte de l’indicible laideur de son fils. Ce n’est que lorsque, d’après la tradition locale, la grand-mère du nouveau-né fut amenée devant ce dernier pour lui donner un nom que la discorde survint.
La vieille femme refusait d’approcher son descendant, tant la première vision qu’elle en eut lui rappela d’ignobles souvenirs de l’époque où elle travaillait dans les catacombes.
Tant que cette femme était en vie, personne ne pouvait donner un nom à l’enfant. Beolle tua donc sa mère en lui trouant le crâne avec un os de ragondin, puis elle demanda au grand-père de procéder au baptème traditionnel. Ce dernier ne put s’attarder autant qu’il l’aurait désiré sur le deuil de sa femme, et choisit un nom en conséquence.
Il nomma l’enfant Calnebe, ce qui dans leur langue signifiait « celui par qui le malheur de la mère de la mère survient, et dont le père de la mère ne peut pleurer, vraiment ». Calnebe grandit en force et en sagesse, mais resta très laid.
Durant toute l’enfance de Calnebe, Iklouz le ragondin sacré veilla sur son fils sans pourtant manifester sa présence, car sa présence était une gêne pour les humains car en vérité, il suscitait en eux autant de respect que de peur, et de moquerie parfois, pour ceux qui ne connaissaient pas en lui le ragondin sacré autrefois sauveur des trois villages andariens. Or, personne ne reconnaissait en lui le ragondin sacré autrefois sauveur des trois villages andariens. En cela il advint que Iklouz ne se montra pas, de la première année de Calnebe , à la vingtième année de Calnebe, plus une.
Après ces vingt années plus une, Iklouz apparut à Calnebe et vraiment il lui enseigna tout ce qu’un ragondin sacré devait savoir.
Or, Calnebe n’était pas un ragondin. Il ne mit donc jamais en pratique les innombrables et sages conseils de son père, et ce dernier fut peiné de constater que son savoir allait disparaître à cause de l’égoïsme de son fils.
Or, en vérité, Calnebe n’était pas un égoïste, mais il n’était pas un ragondin non plus.
Bonjour chez vous !
Enkidoux