Et si le “Global Warming” était devenu un terme trop commun, trop usité pour être encore frappant ? Et s’il était temps de changer d’expression pour changer d’action ??
PS : cette nouvelle est inspirée d’une intervention que j’ai entendue durant un podcast ou je ne sais quoi… Je sais plus où, désolé. Si ça me revient, je le noterai ici.
2018. Les scientifiques tentaient une fois de plus l’impossible : mettre en garde le monde, et ses dirigeants, face au réchauffement climatique global qui affectait la planète abritant l’humanité. La COP 24, en Pologne, faisait à nouveau les gros titres, après une COP 23 qui était restée boudée par les médias, par lassitude mais aussi en raison de l’ombre portée par quelques actes terroristes dans le monde occidental.
Mais si cette COP 24 se voyait attribuer une large couverture par les télévisions, les journaux en ligne et autres diffusions de masse, elle suscitait, plus que jamais, de réels doutes quant à l’utilité de ces réunions. Tout cela ressemblait de plus en plus à une mascarade permettant aux chefs d’état de gagner du temps jusqu’à leur retraite dorée. Et même les plus motivés et sincères d’entre eux, qui parvenaient à proposer des mesures concrètes, ne pouvaient jamais agir à un degré suffisant pour éviter la catastrophe en approche.
C’est donc en cette fin d’année 2018 que plusieurs chefs d’états, principalement en Amérique du Sud et en Asie, décidèrent de changer les termes de la réflexion. Le terme communément accepté de « Global Warming » leur semblait trop faible. Il pouvait même s’avérer séduisant pour les habitants de régions un peu froides, ou simplement pour celles et ceux qui se seraient bien imaginés vivre à Hawaï toute l’année. Des commissions furent chargées de trouver un nom plus adapté, plus pertinent, plus frappant ! Pour cela, on eut recours à toutes sortes de méthodes et d’ateliers, y compris des sondages sur internet qui aboutirent à une proposition pour le moins déroutante : « Global Kitty Killing », associé à une image de chaton et de sa légende indiquant pour chaque dixième de degré gagné sur la moyenne planétaire annuelle, Dieu tuait un million de chatons.
On tâcha de faire vite pour trancher avec les habitudes pesantes et inefficaces des conférences internationales habituelles. Juste avant noël, un nom fut trouvé : « Global Waning », que l’on traduisit en français par « Disparition globale ». Bien sûr, de nombreux internautes continuèrent d’utiliser le terme de Global Kitty Killing, souvent abrégé en GKK.
La COP évita soigneusement le sujet et continua d’utiliser le terme de Global Warming, mais le renommage du phénomène suscita la curiosité et engendra de nombreuses vocations. Les propositions fusèrent sur internet, même après l’adoption du Global Waning par les états « rebelles ». Le groupe Anonymous commença à évoquer un « Global Flaming », et d’autres groupements, déjà existants ou créés pour l’occasion, tâchèrent de répandre d’autres termes en espérant toujours supplanter les autres : Heat Apocalypse, Fahrenheit 470, Kill All The Bears, Very Down Syndrome, Global Auto-Destruction, Faith Independant Mass Suicide, Red Button, March to Oblivion, Darwin Reward, Human Induced Rapture… le choix devenait pléthorique…
Tout ceci permit-il à l’humanité de prendre enfin les mesures nécessaires ? La peur qu’un nouveau nom devait susciter fut-elle présente ? Pas vraiment, on s’attacha si longtemps à ce brainstorming global que les enjeux placés derrière restèrent inaperçus. En fait, ce phénomène occulta même les quelques avancées réelles proposées par la COP 24.
Ce phénomène influença toutefois quelques studios de développement de jeux vidéos, et on vit apparaître quelques œuvres jouant sur ces thèmes. L’un de ces jeux obtint plus de succès que les autres. Intitulé « Waning Simulator », il proposait de prévoir les effets d’un réchauffement climatique dans la région précise de l’utilisateur. Le jeu n’était pas dénué d’humour et jouait sur des memes populaires pour s’assurer une certaine viralité, mais sa mécanique bien huilée finissait souvent par happer les joueurs dans une exploration toujours plus poussée d’un futur qui paraissait les attendre au tournant. L’aspect humoristique passait alors pour secondaire, devant la réalisation de changements concrets dans un cadre de vie bien identifié. Ce programme avait ainsi réussi grâce à sa prise en compte du moteur individualiste, là où de nombreuses campagnes avaient échoué en n’évoquant que des effets globaux, qui ne parvenaient qu’à susciter des dons épisodiques pour des ONG auxquelles ont remettait le sort du monde.
L’effet fut incroyable. Les médias traditionnels, habituellement peu intéressants par la scène vidéo-ludique, s’emparèrent du phénomène, ce qui amplifia les ventes durant quelques semaines mais finit par teindre le message d’une nouvelle couleur moins vivace. En effet, si les populations du monde restaient influencées largement par les chaînes de télévision et les journaux, une certaine défianceà l’égard de ces organes continuait de progresser. Le Waning Simulator finit par en pâtir, et fut relégué au rang des outils de propagande gouvernementaux.
Le mois suivant, un nouveau jeu basé sur l’exploitation des ressources du système solaire fit un tabac grâce à son interface novatrice basée sur la réalité augmentée. Il éclipsa totalement les ventes de tous les jeux surfant sur la vague du Global Waning.
L’atmosphère générale ainsi apaisée, on put s’atteler aux préparatifs de la COP 25.