Où le Balrog s’en tire de justesse, mais globalement on est content.
J’évoquais dans la première partie, outre la façon dont j’ai découvert le film, l’ambiance de cette œuvre étrange et décalée.
C’est donc un mélange de film et de dessin animé. Avec un peu de rotoscoping au milieu, comme dans les jeux vidéo Prince of Persia de Jordan Mechner ou Another World d’Eric Chahi ! Côté film, on s’est servi de cette technique dans de vieux classiques comme le Blanche-neige de Disney (1937, quand même).
Le film datant de 1978 (belle année), le réalisateur Ralph Bakshi a donné quelques interviews à l’occasion des 40 ans de l’œuvre, notamment celle qu’on peut retrouver sur l’Hollywood Reporter (ce que vous allez lire est en grande partie une simple traduction d’extraits de l’article cité).
La création du film, racontée par Bakshi
On apprend donc qu’à la base, le studio United Artists voulait produire l’adaptation du SdA (Seigneur des Anneaux) en un seul film, le tout en laissant les commandes de la réalisation à John Boorman (un touche-à-tout qui avait alors produit et/ou réalisé des films comme Délivrance… Zardoz.. ou l’Exorciste 2, et serait plus tard associé à d’autres films comme Excalibur ou le tailleur de Panama… je ne sais que dire).
Le studio voulait donc non seulement compresser la trilogie pour la faire tenir en un film, mais comptait aussi ajouter des personnages pour obtenir un script hollywoodien à leur sauce. Ralphounet Bakshi trouvait tout cela un brin stupide.
Il faut dire qu’à partir des années 60, la trilogie du SdA avait bien grimpé en popularité, notamment au sein des campus universitaires. C’était au début une petite découverte underground, appréciée des artistes et on pouvait lire sur les murs d’universités des graffitis annonçant “Frodo Lives” (traduisible par : Frodon vit, ou Frodon survit). Ce genre de note murale m’aurait évité bien des tracas (et ça aurait été dommage) car à la première lecture du livre je me rappelle avoir véritablement cru en la mort de Frodon !
Oh, bien sûr, aujourd’hui, avec tous ces films, toutes ces séries à twists sans fin (et même le SdA nous livre sa propose bonne dose en la matière justement, entre Gandalf, Frodon et vaguement Saroumane), on ne laisse plus avoir si facilement. Mais bon, voilà, à l’époque, j’étais jeune et naïf, j’y ai cru, et j’étais tristounet.
Au début des années 70, donc, Hollywood flaire le bon coup commercial. Déjà, vers cette époque, Bakshi avait pu réaliser Wizards, un dessin animé medfan post-apo lui-même un peu inspiré de Tolkien. Lorsqu’il entend parler de l’adaption de SdA, M’sieur Bakshi se dit donc : POURQUOI PAS MOI ?
S’en suivent de petites intrigues de production (je ne m’y attarderai pas mais c’est détaillé dans l’article original), et Ralph Bakshi se retrouve aux commandes de film. Il décide de réaliser un mélange entre animation classique, rotoscopie et scènes filmées.
Et là, dites-vous bien qu’on approche un peu du Dune de Jodorowski (si vous n’avez pas vu le documentaire, ben matez ça c’est sympa, surtout si vous aimez Giger). On apprend en effet que Ralph Bakshi voulait se monter sa petite dream team de derrière les fagots (ça faisait longtemps que vous aviez pas lu cette expression je suppose), avec genre Mick Jagger pour faire la voix de Frodon, et une bande originale de Led Zeppelin, le truc bourrin quoi.
Ces rapprochements étaient assez naturels. Led Zep faisaient (on met le singulier ou le pluriel pour un groupe ?) déjà souvent référence à Tolkien dans leurs titres, et quand Bakshi leur a proposé une collab, ils ont répondu avec un gros “Absolutely!” qui au cas où vous ne le sauriez pas signifie “Absolument !” (sans oublier du coup l’espace avant le point d’excla, et oui). C’est un problème de droit avec leur label qui a empêché la chose… snif !
Concernant Mick Jagger, c’est carrément lui qui, en entendant parler du film, s’est chauffé pour faire partie de l’équipe. Il voulait faire la voix de Frodon, mais peuchère, il est arrivé trop tard c’était déjà dans la boîte.
Le côté “All Stars” n’a donc pas pris, mais le tournage a avancé… Ce fut très éprouvant pour le réalisateur qui, écrasé sous le stress, a cru en mourir (c’est lui qui le dit), à tel point qu’il ne s’imaginait pas faire toute l’histoire du SdA dans ces conditions, et s’est donc arrêté à un film.
Et oui, vous n’irez pas plus loin que le gouffre de Helm avec cette version, mais c’est tout de même un fracking voyage qui vaut le détour. Je poste peu d’images du film en lui-même pour ne pas trop le déflorer, mais je vous assure que ça change des productions habituelles. Par contre, si vous êtes fan du Balrog, bon, je sais pas quoi vous dire… c’est… ben, ouais. Voilà, quoi. On peut dire que ça passe. Ou pas.
Bon, allez, sans trop divulgâcher je vous laisse quand même avec un pote :
A PEULUSSE !
Évidemment j’ai pas pu m’empêcher de chercher des images du Balrog. Alors oui, bon, je sais pas. Peut-être qu’avec de la musique qui fait très peur… Ou alors du Black Sabbath plutôt que du Led Zeppelin, ça pourrait éventuellement… Non, vraiment, je suis curieux de le voir animé, mais j’ai déjà trouvé le bon mot : “Balrog, du mythe à la mite.”