Bon, enfin, presque. Déjà, c’est du vomi de cachalot. Ensuite, hmm… on doit pouvoir trouver une alternative synthétique, non ?
Je ne peux plus cacher mon engouement pour les vieux textes chelous. Bon, et bien sachez que dans un petit grimoire magique (qui se vendait comme des petits pains en Belgique, fut un temps) on trouve la recette du meilleur hypocras possible ! Enfin, c’est le “Petit Albert” qui le dit. Plus précisement, Les secrets merveilleux du Petit Albert, disponible ici sur Gallica.
Eh bien, en page 107 nous pouvons y lire de quoi “faire en peu de temps de l’hypocras qui soit excellent.” Et ma foi, si ce vin parfumé peut surpasser les autres versions que j’ai pu tester jusqu’à présent, allons-y. La recette est la suivante :
Pour quatre pintes de vin vous préparerez les drogues qui suivent : une livre de bon sucre fin, deux onces de bonne canelle concassée grossièrement, une once de graine de paradis, autant de cardamomum, et deux grains d’ambre gris du plus exquis, broyée au mortier avec du sucre candi ; vous ferez de toutes ces drogues un sirop clair, que vous purifierez en le passant deux ou trois fois à l’étamine, et vous mélangerez ledit sirop avec quatre pintes d’excellent vin, et vous en aurez le meilleur hypocras que l’on puisse boire.
Petit Albert, 1867 (d’après un ouvrage plus ancien)
Les ingrédients communs
Du (bon) vin, du sucre fin, du sucre candi, de la cannelle, de la cardamome. Jusqu’ici, tout va bien. On complexifie un chouia la recette avec la graine de paradis, qui s’avère être une épice africaine pas si rare, que l’on peut trouver sous le nom de maniguette.
L’article wikipedia de la maniguette !
L’ingrédient vraiment exotique
Vous aurez peut-être noté qu’il est question d’ambre gris. C’est du dégueulis de cachalot, voilà. J’avais déjà vendu la mèche donc je ne fais pas durer le suspense. Enfin, pour être plus précis c’est un résidu d’interaction entre la bile cachalesque et les aliments, et ça se trouvait à une époque à la surface de la mer ou sur les côtes. Jusqu’à ce qu’on se rende compte que c’était stylé de ouf (à partir de là on en a récupéré en pêchant le cachalot et en lui ouvrant le bide).
Fiche wikipedia pour l’ambre gris !
Et un article de Maurice Chastrette sur le même sujet (sur le site du CNRS).
Donc ça a servi en parfumerie et en tant qu’épice ! C’est toujours plus ou moins le cas, mais des versions synthétiques ont largement remplacé la version naturelle. Il reste quand même du monde pour se l’échanger à 40.000 dollars le kilo, hein :
https://www.geo.fr/environnement/ambre-gris-pourquoi-le-vomi-de-baleine-vaut-il-si-cher-206583
Or, donc, sans ambre gris, pas moyen de réaliser cette parfaite recette de l’hypocras. Tant pis, je boirai de la bière.
Bonjour chez vous,
Enkidoux